CELLES QUI ATTENDENT
Diome
(0) votos | (0) comentários
Sinopse
Arame et Bougna, mères, respectivement, de Lamine et Issa, deux émigrés clandestins. Elles ne comptaient plus leurs printemps, mais chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui devait tenir la demeure sur les galeries creusées par l'absence. Mais commentdépeindre la peine d'une mère qui attend son enfant, sans jamais être certaine de le revoir ? Coumba et Daba, quant à elles, humaient leurs premières roses : jeunes, belles, elles rêvaient d'un destin autre que celui de leurs aînées du village. Assoiffées d'amour, d'avenir et de modernité, elless'étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix.Mariées, respectivement à Issa et Lamine, l'Europe est leur plus grande rivale. Esseulées, elles peuvent rester fidèles à leur chambre vide ou succomber à la tentation. Mais la vie n'attend pas les absents, derrière les émigrés, les amours varient, les secrets de famille affleurent ; les petites et grandes trahisons vont alimenter la chronique sociale du village et déterminer la nature des retrouvailles. Le visage qu'on retrouve n'est pas forcément celui qu'on attendait.ExtraitArame et Bougna étaient de la même classe d'âge, elles se connaissaient depuis toujours, comme presque tout le monde sur la petite île. Mais c'est après leur mariage qu'elles devinrent amies, lorsqu'elles se retrouvèrent voisines de quartier. Ce n'était pas dit et ce n'était écrit nulle part non plus, mais elles semblaient respecter un code leur interdisant tout isolement. Peut-être avaient-elles flairé qu'un vis-à-vis avec sa propre ombre pouvait s'avérer aussi redoutable qu'un tête-à-tête avec un loup-garou.Elles se retrouvaient pour aller aux champs ou aux puits. C'était également ensemble qu'elles poussaient leur barque sur les flots, serpentaient le long des bras de mer et allaient couper ce bois de palétuvier qu'elles jugeaient de meilleure qualité pour la cuisine. Un foulard autour de la taille, elles pataugeaient dans la boue, se faufilaient entre les branches, les coups de coupe-coupe rythmaient leur souffle, jusqu'à ce que les fagots remplissent la barque à ras bord. Alors, elles bravaient les courants de la marée haute et ramaient jusqu'au village, heureuses du résultat de leur rude journée. De ce corps à corps avec la nature, elles ne revenaient jamais sans plaie, car la nature ne donne jamais sans prendre quelque chose en échange : les morceaux de bois enfouis dans la vase leur lacéraient les pieds, les branches lézardaient leurs bras. Mais ce bois, c'était leur gaz, leur pétrole, leur seul combustible. Il leur fallait donc renouveler cette pénible besogne et tant pis si, chaque fois, leur chair meurtrie prenait des semaines à s'en remettre. Comme leurs mères et leurs grands-mères avant elles, elles alimentaient la flamme de la vie et offraient à l'île le spectacle qu'elle avait toujours connu : un combat, où il n'y avait rien d'autre à gagner que le simple fait de rester debout. Il fallait lutter, elles luttaient, vaillamment. Portées par la douceur de l'amour et la persévérance qu'exige le devoir, Arame et Bougna travaillaient sans relâche et veillaient sur leur grande famille comme si de rien n'était.