LES CONTES DE CANTERBURY (FOLIO CLASSIQUE)
Chaucer
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Sinopse
En 1478, William Caxton vient dintroduire en Angleterre limprimerie et choisit de débuter par le numéro un des ventes en manuscrits : Les Contes de Canterbury, fragments publiés à la mort de leur auteur, un certain Geoffrey Chaucer, en 1400.En route pour le tombeau de Saint Thomas de Canterbury, des pélerins, incités par leur hôtelier, disent à tout de rôle des histoires, ou du moins tiennent des propos, destinés à distraire la compagnie et rendre le voyage agréable. Ces pélerins sont issus de catégories sociales diverses, et cest lune des forces des Contes de Canterbury : les différentes conditions mises en présence garantissent une tonalité et un contenu narratif variés, voire des oppositions dans les propos. Ainsi, on pourrait sétonner de trouver sous la plume dun auteur unique une quasi-défense de lémancipation de la femme et une injonction à celle-ci dêtre obéissante à son mari.La diversité est encore accentuée par la volonté de Chaucer dalterner les formes narratives, principalement versifiées, comme si les Contes devaient aussi être une anthologie de la littérature médiévale, un aperçu synthétique de comment on écrit à lépoque. Puisquil est question de littérature médiévale, notons les multiples influences, pour la plupart revendiquées, de Chaucer, des auteurs, parfois traduits par lui-même dans la langue vulgaire anglaise, chez lesquels il puise son inspiration : Sénèque, Boèce, Ovide, Valère Maxime, Dante, Pétrarque, Boccace ou encore Jacques de Voragine (et sa Légende Dorée). La méthode de Chaucer, quasi compilative, sappellerait aujourdhui du plagiat ; au Moyen Age, cest une méthode consistant à réunir des savoirs dans un même ouvrage, sans que quiconque ny voit préjudice, les droits dauteur nexistant pas.Ayant évoqué Boccace ci-dessus, alors que je viens de lire Le Décaméron (voir commentaire pour l'édition Folio), je ne peux mempêcher de comparer, et de préférer lItalien à lAnglais. Cette préférence nest pas liée à une quelconque originalité (Boccace puise aussi dans le fonds des histoires racontées avant lui) ni au goût pour la prose (les vers de Chaucer, traduit de façon souple et vivante par André Crépin, sont plutôt agréables à lire), mais au côté un peu guindé des Contes de Canterbury, dont la réputation licencieuse est très surfaite : Chaucer y défend des valeurs chevaleresques et chrétiennes, se faisant parfois moraliste à lexcès, et cela peut lasser, malgré tout le génie littéraire mis en uvre. Le comble est atteint dans la « Prestation du Curé », quasi nonante pages sur les péchés capitaux et la pénitence qui tiendraient elles aussi de la pénitence si elles nétaient pas précieuses pour comprendre lesprit médiéval dans son rapport à la religion et tout ce qui en a été hérité depuis.En bref, pour qui a fréquenté la filmographie de Pasolini, si Le Décaméron tient ses promesses, léger et pourtant profond, Les Contes de Canterbury déçoivent un peu par leur moralisme outré, malgré quelques pointes bienvenues et, vertu typiquement britannique jusquà aujourdhui, la volonté de donner la parole à toutes les catégories sociales mises en présence.