TIBÈRE OU LA SPIRALE DU POUVOIR (COLLECTION D'ÉTUDES ANCIENNES)

« Tibère ou la spirale du pouvoir », de Lidia Storoni Mazzolani, a été publié dans sa version originale (en italien) en 1981 avant d'être édité par Les Belles Lettres en 1986.La thèse principale de cette biographie de Tibère est de démontrer comment le beau-fils d'Auguste, devenu son fils adoptif, est parvenu avec succès à accomplir la mission que les circonstances historiques lui ont confié : assurer le passage du principat à l'empire et faire d'un régime qui se voulait en apparence temporaire en une autocratie héréditaire et perpétuelle.Le livre de Mazzolani est organisé en 35 chapitres relativement courts (une quinzaine de pages au maximum). Il s'ouvre sur la question complexe de la succession d'Auguste et l'accession au pouvoir de Tibère, avant de revenir en arrière pour ensuite reprendre un fil chronologique et raconter la vie de deuxième empereur romain de sa naissance à sa mort. Chaque chapitre est doté d'une bibliographie commentée qui lui est propre.De Tibère, que l'on connait surtout au travers de l'œuvre de Tacite, Mazzolani dresse un portrait politique et psychologique assez singulier. L'auteur rappelle comment Tibère fut choisi par Auguste comme son successeur en désespoir de cause, après de longues années de défiance et de nombreuses humiliations. Elle se propose également, en s'appuyant sur une large bibliographie de plus de 250 titres, de démontrer que Tibère est toujours resté en son for intérieur un partisan de la constitution républicaine, un romain à l'ancienne mode (ce à quoi son appartenance à la gens Claudia le prédisposait) contraint par le destin et une indéniable fidélité envers l'œuvre d'Auguste à affermir l'idée d'un empire héréditaire.Cette biographie originale et en quelque sorte « engagée » n'oublie pas non plus d'évoquer les qualités de soldats de Tibère, sa droiture et sa fidélité (notamment envers son épouse Vipsania dont il a été obligé de divorcer pour épouser Julie, la fille d'Auguste). Les chapitres les plus intéressants du livre sont sans doute ceux qui analyse comment le poids du pouvoir à finit par broyer l'homme qu'était Tibère et le pousser à aimer la solitude et à aspirer à s'éloigner de Rome, avec une certaine misanthropie. Ses rapports avec Germanicus, avec Séjan, son opposition à la gens Julia tiennent également une place importante dans le livre qui pose également dans ses derniers chapitres la question de la position de Tibère vis-à-vis des premiers chrétiens.Avec ses 366 pages, « Tibère ou la spirale du pouvoir » est une biographie particulièrement complète qui illustre bien les mots de Sir Ronald Syme : « Si Tibère décourage l'historien, le romancier pourrait lui servir de guide ». Le livre comprend également un arbre généalogique des Julio-Claudiens, une liste des abréviations, un index des noms de personnes, un index des noms de lieux et de peuples et une carte de l'empire romain.(Semper Victor)